Au Mali, Assimi Goïta et ses colonels se bombardent tous généraux

Les membres de la junte militaire malienne n’en pouvaient plus de se contenter de leurs « petits » grades de colonel. Ils piaffaient d’impatience de devenir général, et c’est désormais chose faite. 

Quand on a pris connaissance des mesures individuelles prises à l’issue du conseil des ministres tenu le 16 octobre à Bamako, et promouvant les membres de la junte militaire au grade de général, on n’a pas pu s’empêcher de penser Au vieux nègres et la médaille, le roman post-colonial du Camerounais Ferdinand Oyono.

On n’a été d’autant moins surpris que ces promotions à titre « exceptionnel » n’interviennent que maintenant, puisque les colonels maliens étaient les premiers putschistes qui ont ouvert le bal du retour sur la scène politique africaine des caporaux « avides de pouvoir et de diamants ». Avant eux, un autre putschiste, le Guinéen Mamadi Doumbouya n’avait pas tardé à s’attribuer les cinq étoiles de général d’armée pour des faits d’armes inexistants.

Promotions supersoniques

Le chef de la junte malienne Assimi Goïta, arrivé au pouvoir en 2020 et les quatre autres colonels putschistes, à savoir Malick Diaw, président du Conseil national de la transition (CNT, parlement de transition), le ministre de la Défense Sadio Camara, Modibo Koné, le chef des services de renseignements et Ismaël Wagué, ministre de la Paix et de la Réconciliation ont laissé les barrettes de colonel pour les étoiles de généraux.

Promu également, Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement, arbore désormais trois étoiles de général de division, lui aussi à titre exceptionnel.

Même Daoud Aly Mohammedine, ministre de la Sécurité et de la Protection civile, qui avait fait l’objet de critiques sévères après la double attaque contre Bamako, le 17 septembre dernier, figure parmi les bénéficiaires de cette promotion. Il passe de colonel-major à général de brigade, au même titre que les militaires de l’armée de terre Abdrahamane Baby, Abdoulaye Cissé, Moussa Moriba Traoré et Keba Sangaré.

Prime à la médiocrité

Cette pluie de grades est d’un si mauvais effet que les 25 et 27 juillet dernier, dans l’extrême-nord du Mali, une opération menée par les Forces armées maliennes (Fama) pour reprendre la localité de Tinzawaten des mains des rebelles du Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA) s’était transformée en débâcle pour les soldats loyalistes et leurs partenaires russes du groupe Wagner. Au moins 47 soldats maliens et 84 mercenaires russes avaient été tués dans une embuscade tendue par la rébellion.

Avec ces étoiles, Assimi Goïta est devenu le militaire malien le plus gradé, devant Amadou Haya Sanogo et ses quatre étoiles. Lui aussi, était passé de capitaine à général de corps d’armée. Avant eux, seuls les anciens présidents Amadou ToumaniTouré et Moussa Traoré — deux autres putschistes — avaient atteint le grade de général de l’armée.

Commentaire d’un spécialiste des questions de Défense : « Il n’y a que dans les pseudos-armées africaines qu’on peut voir des promotions aussi supersoniques. Cela ne peut que rappeler les personnages fantasques comme Bokassa ou Idi Amin Dada. Ce n’est pas très valorisant pour les armées du continent ».

LCP

  • Le Courrier Panafricain

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