Faustin Archange Touadera : une évacuation sanitaire et plusieurs versions officielles

Le président centrafricain a été évacué en urgence à Bruxelles, le 21 juin, sur un vol médicalisé, après avoir été victime de malaises. Dans un contexte politico-sécuritaire particulièrement tendue, ses proches ont tenté de cacher la réalité de son hospitalisation… En vain.

Selon toute vraisemblance, Faustin Archange Touadera se trouve dans la capitale belge, où il est soigné à l’hôpital Delta, un établissement connu pour ses services de soins intensif, d’après les informations d’Afrique Intelligence (AI), une publication spécialisée.

« Phase de récupération »

La confusion autour de la communication officielle a nourri les rumeurs les plus folles durant trois jours. Après soixante-douze heures de spéculation, le gouvernement a fini par réagir par la voix de son porte-parole. « Je l’ai eu au téléphone et je vous assure qu’il n’y a pas de soucis », a fait savoir le ministre de la Communication, Maxime Balalou, lors d’une conférence de presse, le 23 juin.

Avant cette déclaration, Fidèle Gouandjika, l’un des conseillers à la Présidence, a indiqué dans une vidéo que le président centrafricain serait en « mission médicale » à l’étranger, sans toutefois préciser sa destination.

Contacté par Le Courrier Panafricain, un membre de son entourage a admis que Faustin Archange Touadera a été bel et bien transporté en urgence à Bruxelles mais sa « situation s’est stabilisée ». La même source de préciser que le président centrafricain « a répondu » à un SMS qu’elle lui aurait « laissé pour s’inquiéter de son état de santé ». «Je comprends que l’absence de communication de la part du gouvernement a pu semer la confusion dans les esprits. Mais le président, en phase de récupération, compte bien participer à la réunion de l’Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation (GAVI), prévue le 25 juin à Bruxelles », a-t-elle insisté.

« Attitude irresponsable du porte-parole du gouvernement »

Il n’en fallait pas plus pour susciter la réaction du Bloc républicain pour la défense de la Constitution du 30 mars 2016 (BRDC), dont le porte-parole, Martin Ziguélé, déplore que « le ministre de la Communication campe sur sa posture habituelle de travestissement de la vérité, en affirmant, sans rire, que le président de la République se porte comme un charme ».

Dans le même communiqué, le BRDC a formulé à l’endroit de Faustin Archange Touadera ses « souhaits sincères de prompt rétablissement » avant de condamner « avec la plus grande fermeté » l’attitude « irresponsable du porte-parole du gouvernement » et d’exiger une « communication gouvernementale expurgée de toute volonté de manipulation de l’information » sur l’état de santé réel du chef de l’État.

À quelques mois de la prochaine élection présidentielle, cette situation fait craindre un risque de déstabilisation. D’autant que l’absence de dauphin constitutionnel désigné constitue un véritable sujet d’inquiétude dans les sphères du pouvoir à Bangui.

La constitution controversée, promulguée le 30 août 2023, dispose qu’en cas de vacance du pouvoir, la présidence est assurée par le vice-président. Cependant, celui-ci n’a pas encore été nommé depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi fondamentale dénoncée par l’opposition.

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