Centrafrique : deux chasseurs assassinés par des mercenaires de Wagner près de Ndélé

À Gaskaï, village situé à 184 kilomètres de la ville de Ndélé, dans le nord de la Centrafrique, deux jeunes chasseurs ont été sauvagement assassinés il y a deux semaines par des mercenaires du groupe Wagner, selon des témoignages recueillis par le média Corbeau News Centrafrique (CNC).

Les corps, égorgés, démembrés et partiellement brûlés, ont semé l’effroi parmi les habitants de cette région reculée. Les faits se seraient déroulés alors que des mercenaires russes, en transit entre Ndélé et Ngolongosso, traversaient Gaskaï.

Selon des témoignages concordants, les deux chasseurs, partis en quête de gibier, ont été capturés, exécutés, puis leurs dépouilles mutilées. Inquiètes de leur absence prolongée, leurs familles ont organisé des recherches et découvert les corps à quelques kilomètres du village, identifiables uniquement grâce à leurs vêtements et outils de chasse. Les habitants ont confirmé la présence de mercenaires de Wagner dans la localité peu avant le drame.

Les familles des victimes rejettent toute idée d’appartenance des chasseurs à un groupe armé, soulignant qu’ils ne portaient que leur matériel de chasse et du gibier. Ce mode opératoire – égorgement suivi d’incendie des corps – correspond aux pratiques déjà documentées du groupe Wagner en Centrafrique, mais aussi au Mali ou en Syrie.

Des rapports d’organisations comme Human Rights Watch et Amnesty International, ainsi qu’un récent document remis le 23 juin à la Cour pénale internationale par des experts de l’université de Berkeley, accusent Wagner de multiples exactions contre des civils, certaines relayées via une chaîne Telegram obscure.

Officiellement déployés pour appuyer les forces gouvernementales centrafricaines, les mercenaires russes suscitent une inquiétude croissante quant au respect des droits humains. À Gaskaï, la population, traumatisée, redoute de nouvelles violences, d’autant que les éléments de Wagner continuent de rôder dans la région. Les victimes ont été inhumées après identification, mais l’émotion reste vive à Ndélé et dans les environs.

Ce drame met en lumière la vulnérabilité des populations rurales face aux agissements des paramilitaires russes. Il relance l’urgence d’un encadrement strict de leurs activités en Centrafrique, où leur présence, loin de garantir la sécurité, alimente un climat de terreur.

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