Ce jeudi 21 novembre, le Syndicat national des conducteurs routiers du Cameroun (SNCRC) a demandé à ses adhérents d’observer une grève pour protester contre l’assassinat d’un chauffeur de camion par les hommes de Wagner. Une situation qui pourrait provoquer une flambée des prix sur le marché centrafricain.
Les transporteurs camerounais ne décolèrent pas. Et pour cause : l’un de leur collègue, Mohamadou Awalou, a été descendu de son camion par les mercenaires russes de Wagner, qui l’ont abattu sur le champ, sans une autre forme de procès, le 18 novembre dernier. On ignore encore les raisons de ce énième crime crapuleux visant un camionneur camerounais sur le territoire centrafricain, lequel a eu lieu dans la localité de Bogoula, à quelques 60 kilomètres de la ville Bangui.
Cet assassinat a provoqué l’ire des responsables du syndicat des transporteurs camerounais, qui ont décidé de ne plus acheminer les marchandises en provenance du port de Douala et à destination de la République centrafricaine jusqu’à nouvel ordre. Résultat, de nombreux camions, qui devaient transporter des produits de consommation indispensables au marché centrafricain sont toujours bloqués à la frontière entre les deux pays.
Chemin de croix
Il faut dire que depuis que les mercenaires russes du groupe Wagner contrôlent le corridor Bangui-Garaoua Boulaï – qui est vital pour l’économie centrafricaine – les camionneurs camerounais mais aussi centrafricains font régulièrement l’objet de multiples tracasseries. Ils sont souvent victimes de rackets ou d’intimidation, quand ils ne sont pas purement et simplement assassinés. La question de la sécurité des chauffeurs de camions desservant cet axe routier s’est toujours posée dans une indifférence complète des pouvoirs publics.
Mais cette fois, les camionneurs camerounais semblent bien décider à trouver des solutions pour assurer leur protection. En dépit de la forte mobilisation de l’Union syndicale des transporteurs de Centrafrique (USTC) pour faciliter le rapatriement du corps sans vie de Mohamadou Awalou, leurs collègues camerounais exigent une réponse adéquate des autorités centrafricaines.
Craintes de pénuries
Au lendemain du refus des camionneurs camerounais de traverser la frontière avec les marchandises, l’inquiétude est palpable à Bangui, où l’on craint une augmentation des prix de produits manufacturés comme le sucre, la farine de blé et le ciment. La République centrafricaine étant un pays enclavé, elle s’approvisionne essentiellement à partir du Cameroun.
En 2021 par exemple, la fermeture de la frontière entre les deux pays, à cause des affrontements entre les rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) et les mercenaires russes, avait provoqué une flambée de prix dans la capitale centrafricaine. Autrement dit, la présente grève des camionneurs camerounais risque de conduire à une crise économique dans un pays qui est quasiment en récession.
Au-delà, il faut également craindre la réaction du gouvernement camerounais, qui pourrait décider d’interdire aux sociétés créées par Wagner d’utiliser le port de Douala pour exporter les ressources issues du pillage de la Centrafrique. La question peut se poser de savoir si ce dernier crime peut conduire à une crise diplomatique entre le Cameroun et la République centrafricaine.