Au Rwanda, on torture à mort dans les prisons

Un rapport accablant de Human Rights Watch (HRW) révèle la vraie nature du régime de Paul Kagame. Est-ce à dire pour autant que ses protecteurs internationaux vont enfin lui demander quelques comptes ? Rien n’est moins sûr.

Tout se passe comme si les yeux commencent à se dessiller au sein de la communauté internationale au sujet des pratiques hautement détestables qu’affectionnent le président rwandais Paul Kagame et son régime. Pendant longtemps, plus soucieuse de camoufler sa part de responsabilité dans le génocide des Tutsies et des Hutus modérés, la communauté internationale s’est bien gardée de s’interroger sur les agissements du Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame.

Et dans cette quête d’une hypothétique absolution de ses pêchés au Rwanda, la conscience internationale a semblé avoir délivré un blanc-seing au dictateur de Kigali, qui peut embastiller à sa guise ses opposants, restreindre l’espace public, confisquer la démocratie en se faisant élire avec 99% des suffrages lors de chaque élection, et comme si cela ne suffisait pas, piller sans vergogne la République démocratique du Congo (RDC).

Atteintes graves aux droits humains 

Depuis de nombreuses années, à travers ses proxys, dont les noms changent en fonction des prétextes, le Rwanda massacre impunément les populations de l’Est de la RDC. Si on pouvait supposer que les Congolais n’étaient pas les seuls à subir les conséquences des errements du régime rwandais, on a aujourd’hui les preuves de la torture pratiquée dans les prisons du Rwanda, grâce à un rapport accablant de Human Rights Watch (HRW).

« Les atteintes graves aux droits humains y compris la torture, sont monnaie courante dans de nombreux centres de détention du Rwanda », écrit l’ONG. Selon des témoins, plusieurs personnes ont trouvé la mort, après des séances de torture.

Human Rights Watch (HRW) s’est entretenue avec plusieurs anciens détenus de Kwa Gacinya, un centre de détention non officiel, basé à Kigali. Dans ce premier centre où ils sont envoyés après leur arrestation, les prisonniers y sont contraints, écrit le rapport, d’avouer des crimes. Simulacres d’exécution, passages à tabac, torture sont alors employés par les responsables du centre pour les faire passer aux aveux.

D’anciens détenus affirment avoir été enfermés dans des cellules d’environ un mètre sur deux, des cellules ressemblant, selon leurs dires, à des cercueils. En janvier 2020, l’opposant Venant Abayisenga a raconté les mauvais traitements subis dans ce centre et a affirmé que des personnes y avaient été tuées. Il disparaîtra cinq mois plus tard dans des circonstances non élucidées.

Généralisation des mauvais traitements 

Le rapport de Human Rights Watch (HRW) a également documenté des cas de mauvais traitements à la prison de Nyarugenge. Des prisonniers ont déclaré, lors de différents procès, avoir été placés de force dans un conteneur rempli d’eau où ils étaient frappés par des agents pénitentiaires et des détenus qui agissaient sous les ordres du personnel. Autre torture pratiquée dans cette prison : la privation de sommeil par la diffusion permanente de lumière et de musique forte.

À la prison de Rubavu, d’anciens détenus ont fait état de passages à tabac souvent perpétrés par le directeur de la prison à l’époque Innocent Kayumba, des actes qui ont conduit, selon plusieurs témoignages, à la mort de onze prisonniers dont l’ONG a obtenu les noms. Dans ce rapport, Human Rights Watch dénonce « les manquements graves non seulement au sein des services correctionnels du Rwanda, mais aussi au sein du système judiciaire et de l’institution nationale de protection des droits humains ».

On attend de voir la réaction des protecteurs de Paul Kagame. Vont-ils continuer à le laisser faire ou vont-ils enfin exiger de lui un changement de comportement ? La question reste posée.

La Rédaction

 

 

 

  • Le Courrier Panafricain

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