En Centrafrique, les caisses de l’État sont vides faute de contribution de la fiscalité pétrolière selon le FMI

Victime de pratiques mafieuses dans le secteur pétrolier, l’État centrafricain gagnerait à y mettre de l’ordre. C’est l’une des recommandations formulées par le Fonds monétaires international (FMI) à l’issue d’une mission de plusieurs jours dans le pays. 

Le communiqué publié le 16 octobre par les experts du FMI à l’issue de leur déplacement à Bangui au titre de la troisième revue du programme soutenu par la Facilité élargie de crédit (FEC) se veut diplomatique. Les mots sont pesés, sous-pesés et soigneusement choisis. Mais ils ne peuvent rien contre la triste réalité des finances de l’État centrafricain. En plus de lister les causes de cette situation désastreuse, qui sont multiples, le constat de la mission est alarmant.

Une croissance réduite à 1% en 2024

À commencer par « l’environnement peu propice aux affaires, l’incertitudes réglementaire, l’insécurité ainsi que les prix exorbitants des carburants à la pompe » qui « continuent de peser sur l’activité économique », note les experts du FMI, selon lesquels « une amélioration sensible des recettes intérieures nécessitera une augmentation de la contribution de la fiscalité pétrolière à hauteur de 20-25% des recettes totales » au lieu des 9% actuels, dû aux exonérations accordées indument à la société Neptune Oil.

Conséquence, les « perspectives économiques en RCA restent soumises à de nombreux défis. La croissance économique en 2024 a été révisée légèrement à la baisse à 1,0% en raison des perturbations dans la fourniture d’électricité ainsi que les retards importants accusés dans l’approvisionnement en carburant par le fleuve Oubangui ».

La mission du FMI constate finalement qu’une « amélioration significative à court terme des recettes intérieures ne sera possible qu’avec une contribution plus élevée de la fiscalité pétrolière, dont les performances actuelles (environ 9% des recettes intérieures totales en 2024) sont largement en deçà de leurs niveaux historiques (entre 20-25% )».

Un retour à l’orthodoxie financière 

En d’autres termes, avant Neptune Oil, la part fiscale des produits pétroliers dans les recettes intérieures oscillait entre 20 et 25%. Mais depuis que les exonérations ont été accordées à cette société camerounaise, qui plus est, vend ses produits à un prix exorbitants, l’État perd énormément d’argent.

Pire, d’importantes sommes d’argent collectée à cause d’une taxe opaque ajoutée à la structure des prix des produits pétroliers vendus à la pompe n’alimentent pas les caisses de l’État. Il faut rappeler que le FMI demande avec insistance aux autorités centrafricaines de baisser les coût des produits pétroliers – les plus chers au monde.

Un récent rapport du Groupe de travail de la société civile (GTSC) a dénoncé la mafia dans le secteur des hydrocarbures. Ce rapport d’une vingtaine de pages pointe notamment la responsabilité directe du ministre de l’Énergie Arthur Bertrand Piri dans les pratiques peu orthodoxes observées.

Alors que les caisses de l’État centrafricain sont désespérément vides, le président Faustin Archange Touadera continue de multiplier les voyages à l’étranger, mobilisant ainsi le peu de ressources financières disponibles.

LCP

  • Le Courrier Panafricain

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