En Iran, le choix cornélien entre capitulation et destruction

Des dizaines de cibles iraniennes, notamment des sites nucléaires et des usines de missiles balistiques, ont été bombardées par l’armée israélienne dans la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 juin. Les autorités de Tel-Aviv expliquent avoir déclenché l’opération « Rising Lion » (Lion dressé) afin d’éliminer la « menace » que fait selon elles peser l’Iran sur l’existence d’Israël. Pour l’ancien ministre centrafricain, Crépin Mboli-Goumba, la République islamique, qui a promis de répondre aux attaques israéliennes, est face à un dilemme : accepter l’humiliation en signant un accord contraignant permettant au régime des Mollah de conserver le contrôle du pays ou bien se faire détruire.

Contre l’avis des États-Unis mais en les informant, Israël a décidé d’intervenir militairement en Iran, ciblant aussi bien des objectifs stratégiques que le leadership politique et militaire de ce pays. Le bilan provisoire, donne cependant à voir que le puissant chef des Gardiens de la Révolution, troupes d’élites du régime théocratique, a été tué en plus des autres leaders, peu connus, mais tout aussi importants.

Un cap important a été franchi

Il s’agit d’un tournant dans la volonté de redessiner la cartographie des puissances dans cette région du monde – ce qui était très prévisible. Après tout, l’Orient n’est plus si compliqué, comme jadis. Des indices nous amenaient tous vers cette finalité : le démantèlement de la menace nucléaire iranienne. La seule question était de savoir si l’Iran accepterait ou qu’Israël se verrait dans l’obligation d’agir militairement.

Des détails qui ont certainement échappé aux observateurs de la scène mondiale, perdus dans la gestion iconoclaste des affaires mondiales par la nouvelle administration Trump et la guerre en Ukraine.

Rappelons que l’intervention israélienne en Iran s’est jouée en plusieurs étapes. D’abord, au mois de juillet 2024, alors qu’il séjournait à Téhéran pour l’investiture du nouveau président, le chef du Hamas, Ismaël Haniyeh, est visé par une frappe intelligente israélienne. Une humiliation sans précédent, qui n’a entraîné qu’une réaction militaire iranienne symbolique, contre Israël.

Ensuite, le 30 septembre de la même année, le chef du Hezbollah, Hassan Nastallah, est éliminé dans une frappe israélienne au Sud Liban. De même que le chef du Hamas au Liban, dans un camp de réfugiés.

L’effondrement de l’axe iranien

Le 3 mars 2025, Benjamin Netanyahou a remercié Donald Trump d’avoir autorisé l’envoi d’armes lourdes à Israël « afin de finir le travail contre l’axe iranien ». Parmi les armes livrées figurent les bombes lourdes MK-84, capables de transpercer le béton et le métal.

Le Premier ministre israélien a raison de parler d’axe. Cet axe, c’est précisément ce qui faisait la force de l’Iran, ce pays à la civilisation millénaire pris en otage par la théocratie qui le gouverne. Car, l’Iran pouvait compter sur le Hezbollah, dont la puissance lui permettait de décider de tout au Liban. L’ancien chef du gouvernement libanais Rafic Hariri a payé de sa vie pour avoir voulu remettre en cause cette vassalisation.

L’Iran pouvait également compter sur la Syrie, seul pays de la sous-région, dirigé par une minorité chiite. Et, bien sûr, l’Irak, débarrassé du sunnite Saddam Hussein et désormais dirigé par les Chiites, grâce à la loi du nombre. Enfin, de manière improbable et récente, l’arrivée des Houthis dans le jeu. De cet axe, il ne reste plus grand-chose. Israël s’emploie à réduire l’influence du Hezbollah, éliminant systématiquement la relève de son leadership.

À Gaza, malheureusement, au prix de massacres de civils, tout porte à croire que le Hamas ne sera plus un facteur déstabilisateur pour Israël. En Syrie, le nouveau président, Sunnite, ne concède qu’à garder sa barbe et porte des costumes pour aller quêter le soutien de l’occident, quand Israël confisque une partie de son territoire, frappe quand c’est nécessaire, comme on l’a vu encore récemment.

Bref, l’Iran est bien seul. Et la Russie, déjà engluée en Ukraine, ne fera que des condamnations de forme. Il ne reste plus que les Houthis, avec leur panache, mais sans impact réel. Le choix cornélien qui se présente donc au pouvoir théocratique iranien, c’est d’accepter l’humiliation, de signer un accord contraignant, en somme, une capitulation, qui lui permettrait de conserver le contrôle du pays. Ou bien, rester dans la rhétorique, sans aucune possibilité de faire face à Israël. Et de se faire détruire, avec l’arrivée d’un nouveau pouvoir. Il faut d’ailleurs craindre l’entrée en scène du Peuple iranien. Cela pourrait donner des idées à la Chine, s’agissant de Taïwan. Car le moment n’a jamais été aussi propice.

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