Si l’ancien président congolais et l’ex-gouverneur de la province du Katanga voulaient apporter de l’eau au moulin à rumeurs de Kinshasa qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Alors que les autorités ne cessent de les accuser de collusion avec le Rwanda, principal soutien du M23, ils n’ont fait aucune allusion au groupe rebelle dans le communiqué publié à l’issue de leur rencontre.
La dernière fois que Joseph Kabila et Moïse Katumbi ont été vus ensemble en public c’était il y a plus de deux ans, en mai 2022, lors du Forum sur la réconciliation des leaders du Katanga, organisé dans la ville de Lubumbashi. À cette occasion, ils s’étaient donné une poignée de main symbolique, qui avait été abondamment commentée, tant les relations entre les deux hommes étaient exécrables.
Le premier avait contraint le second en exil, et lorsque celui-ci a tenté de retourner en République démocratique du Congo (RDC) par le poste frontière séparant le pays de la Zambie, il avait été empêché manu militari. C’est dire que le forum de Lubumbashi a marqué un tournant décisif dans le réchauffement de leurs relations.
Autrefois adversaires politiques farouches, l’ancien président et l’ex-gouverneur de province et président du parti politique Ensemble pour la République semblent s’être réconciliés, au point de critiquer d’une même voix l’actuel président Félix Tshisekedi, le qualifiant de « la dictateur ».
Si l’on en croit la teneur du communiqué de presse publié jeudi 26 décembre 2024 par leurs équipes respectives, ils se sont rencontrés à Addis-Abeba, en Éthiopie, peu avant Noël. Selon nos informations, les deux opposants se sont retrouvés, seuls, pour un tête-à-tête à huis clos. Ils « ont discuté en toute sincérité. Cette réunion était devenue incontournable. »
Dans le communiqué conjoint qu’ils ont publié à l’issue de leur tête-à-tête, il y est dénoncé la détérioration de la situation dans le pays, sans manquer de condamner fermement « la présence de forces armées illégales, y compris des mercenaires et [des] troupes étrangères ».
Cependant, Joseph Kabila et Moïse Katumbi se sont bien gardés d’ajouter leur voix au concert de condamnation du M23, soutenu par le Rwanda. Alors qu’ils sont tous les deux accusés par Kinshasa de rouler pour Paul Kagame. « Certes, ils se sont déjà exprimés sur ce qui se passe à l’est du pays, mais ils auraient dû clairement marquer leur distance avec les criminels du M23. D’autant que certains proches de Joseph Kabila ont rejoint les rangs de la rébellion », commente un membre de l’opposition.
Rappelons que le communiqué réitère l’opposition absolue des deux hommes à toute réforme constitutionnelle dans le contexte actuel de conflit armé.