Dans l’intérêt de l’humanité et pour la paix dans le monde, un nouveau mandat de Donald Trump n’est pas envisageable. Les conséquences seraient d’ailleurs dramatiques pour le continent. Du moins, c’est ce que nous croyons.
Cela dit, nous avons pleinement conscience que les « experts » en tout vont s’arrêter sur le titre de cet article pour lancer, d’un ton méprisant : de quoi se mêle un média panafricain dans une élection américaine. Pour être honnête, et on s’efforce de l’être à la Rédaction du Courrier Panafricain, n’étant pas inscrit sur les listes électorales américaines, nous n’avons aucune voix au chapitre dans la joute électorale opposant le raciste assumé Donald Trump à la vice-présidente sortante Kamala Harris.
Toutefois, cette présidentielle que nous qualifions de « tous les dangers » nous concerne doublement, parce que l’Afrique, ventre mou d’un monde dont le droit international – à tout le moins celui qui est défendu par l’Onu – est de plus en remis en cause, sera à n’en point douter la première victime des errements d’un leadership hasardeux des États-Unis, et parce que tout ce qui concerne l’humanité ne nous est pas étranger.
Le règne de l’autoritarisme
Il est évident que la perspective du retour au pouvoir de Donald Trump n’est guère réjouissante pour qui souhaite la paix et la stabilité dans le monde. Non pas que nous serions devenus des aficionados de son adversaire ou que nous surestimons les compétences de la candidate démocrate, qui nous a habitués avec son indécision, ses prises de position insaisissables et un programme illisible, porté par un protectionnisme à tout crin, qui ralentira forcément les économies africaines. Néanmoins, contrairement au candidat républicain, elle semble disposer de l’ensemble de ses facultés, et le risque qu’elle précipite le monde dans l’abime presque nul.
Or, Donald Trump reste, avec Vladimir Poutine, pour ne retenir que la thèse de Noël Mamère et Patrick Farbiaz, l’un des artisans de la « contre-révolution nationaliste et ethniciste en cours ». Celle-ci s’étend de l’Inde à la Turquie, de l’Argentine à la Hongrie, de l’extrême droite italienne à la droite israélienne radicalisée. La montée en puissance de ces forces politiques ou de ces régimes autoritaires et identitaires est une caractéristique de notre époque.
Car « jamais, depuis la Seconde Guerre mondiale, le monde n’avait assisté à l’accession simultanée au pouvoir de tant de forces réactionnaires ou néoconservatrices. Leur modèle ? Le capitalisme autoritaire de la Chine, caractérisé par un État fort débarrassé des contraintes de l’État de droit, qui contrôle les affects de ses citoyens afin qu’ils soient tous libres d’obéir. » Ainsi, Donald Trump et ses thuriféraires justifient leur attitude par un supposé refus de leur part de la « mondialisation néolibérale » et des diktats des institutions telles que le FMI ou la Banque mondiale qui affecteraient les politiques publiques.
Folie guerrière et l’autoritarisme assumé
Donald Trump est d’autant plus dangereux pour l’humanité qu’il ne respecte aucune règle. Par exemple, l’entrée des États-Unis dans les deux conflits mondiaux avait suivi un mécanisme inscrit dans le marbre : le président — Woodrow Wilson en 1917 et
Franklin D. Roosevelt en 1941 — se sont présenté devant le Congrès pour demander aux représentants et sénateurs de voter la déclaration de guerre. Une tradition que le poulain de Poutine a pourtant tenté de remettre en cause en ordonnant, sans le feu vert du Congrès, la frappe qui a tué le général iranien Qassem Soleimani, considéré comme l’architecte de la puissance iranienne à l’étranger, dans la nuit du 2 au 3 janvier 2020.
Après cet homicide, la question avait été posée de savoir si Trump a le droit de décider « seul » du tir du drone qui a été fatal à l’ancien chef de la Force al-Qods, le bras armé de Téhéran hors de ses frontières. Ce débat a agité le Congrès américain, où l’opposition démocrate avait à l’époque immédiatement condamné la frappe et s’était interrogée sur sa légalité, alors que les États-Unis n’étaient pas officiellement engagés dans un conflit armé avec l’Iran.
Autrement dit, si par malheur, Donald Trump est élu à la tête des États-Unis, on peut donc être certain qu’il n’hésitera pas à suivre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou dans sa folie guerrière pour embraser le monde. Sans compter que le candidat des Républicains fait du « du repli sur soi » l’un des piliers majeurs de sa politique ; il est opposé aux « mondialistes » qui seraient des antipatriotes dans son esprit et dans l’esprit de ses partisans.
Son fameux « America first » est calqué sur le modèle de la « Novorussia » parce que Trump ne supporte pas la contradiction. Et ce n’est pas une nouveauté. Comme le président russe, il exècre la presse indépendante et traite les journalistes comme des ennemis. Cette attitude à l’égard des médias n’est que l’arbre qui masque mal la forêt de ses véritables intentions : « créer un territoire antidémocratique ». Il est clair que la tentation de « remplacer un média libre par un média d’État a toujours été une priorité pour tout régime corrompu prenant le contrôle d’un pays », résume ainsi le Boston Globe.
Pour toutes ses raisons et pour d’autres encore, Donald Trump doit être battu à plate couture afin de le décourager à revenir sur la scène politique internationale. Donc, Le Courrier Panafricain vote Kamala Harris.